Je suis Charlie mais...
Tout d’abord je tiens à faire part de mes condoléances les plus sincères aux familles des victimes de l’attentat Charlie Hebdo, de ceux qui ont suivi et des massacres à venir sûrement si la situation continue dans cette lancée.
Je tiens aussi à féliciter tout le monde, toutes races et religions comprises, pour la solidarité dont on a fait preuve vis-à-vis de cet évènement tragique. Cependant, j’ai un avis assez décalé, concernant cette liberté d’expression que tout le monde se met à revendiquer en masse ces deux derniers jours, et en écrivant ces lignes j’hésite encore à rendre publique cet avis de peur qu’on ne le comprenne mal.
Bon... Les défunts dessinateurs de chez Charlie Hebdo, ont tout le temps défendu leur droit à la création, faisant des caricatures osées voire dérangeantes, tentant à chaque fois de pousser les limites du tabou encore plus. Je me permets de citer ici quelques unes de leurs publications, histoire de bien illustrer ce point de vue, avant de commencer à parler du mien.
Caricature 1
Caricature 2
Caricature 3
Caricature 4
Cabu... comme une épitaphe. No comment. pic.twitter.com/FhZkptxgaY
— Denis Verloes (@DVerloes) 7 Janvier 2015
1- La liberté est sans limite:
Je vais m’attarder premièrement sur le passage écrit par le grand Cabu. Ici, il expose son droit de rire de tout, car son humour est au service de la liberté d’expression. Il ajoute que ni les religions, ni les idéologies ne doivent entraver ce droit. Et c’est en partie ce qui me dérange. Il s’agit de s’accorder le droit d’exprimer ses opinions sans limites, puis de confisquer ce même droit à ceux qui ne sont pas du même avis. Dois-je vraiment développer plus? La contradiction pour moi est évidente. Je ne nie point qu’une telle remarque peut aussi bien fonctionner dans l’autre sens, c’est pour ça d’ailleurs que rentre en jeu cette célèbre phrase: “Ma liberté s’arrête là ou commence celle des autres” Doit-on donc parler d’un liberté sans limite? Surtout quand il s’agit plus de semer de la haine entre les communautés plutôt que de dénoncer quoique ce soit.
2-Et ma liberté à moi?
Maintenant, supposons que je mette mon cœur de côté, le voilà donc sur mon bureau juste ici. Que maintenant je me mette moi aussi au dessin. Disons que je vais faire des caricatures, je dessinerais des personnes dans des postures vachement dégradantes, je vous épargne les détails, je vais pousser l’humour encore plus loin que celui de Charlie Hebdo, seulement moi ça ne sera pas des gens à barbes que je vais dessiner mais les victimes de cet attentat. Alors que tout le monde est triste de leur sort, que tous sont en deuil, seriez-vous capables de tolérer de telles créations? Ça serait sûrement inhumain, et pourtant je pourrais moi-même revendiquer ma liberté d’expression. Bon même sans cœur, j’ai mal au cœur de dire des choses pareilles, mais bon…. D’ailleurs, en parlant de cette sensation désagréable ressentie face à mes dessins imaginaires, qui nous dit que ceux visés par les caricatures de CharlieHebdo, n’ont pas ressenti la même en les voyant. Je vous laisse méditer là-dessus, avec votre cerveau et votre cœur.
3-Un dernier petit détail
En parlant de ce qui est humain et ce qui ne l’est pas, je dédie ce dernier paragraphe à tous ces politiciens qui, alors que la France est en deuil, parviennent tout de même à profiter de la situation pour assurer la promotion de leur campagne. Sérieusement, pensez aux familles ! Je ne sais pas, je dois vraiment vous expliquer qu’il existe des choses qu’on appelle: le coeur, la compassion, le scrupule?
Encore un preuve que dans ce cadre là, votre droit à la parole se doit presque de vous être retiré.
Voilà, j’espère que mon point de vue ne sera pas mal compris. Je sais que pour vous c’est évident, mais bon je le préciserais quand même on ne sait jamais. Je ne défends pas les terroristes, ce qu’ils ont fait est intolérable. J’espère qu’ils bénéficieront du sort qu’ils méritent. Je suis Charlie, car je suis contre la violence, je suis contre le terrorisme, mais…. Une liberté excessive et non respectueuse, fera plus de mal que de bien, elle sème la haine, mère de l'anarchie.