A Place With no Name est une chanson inédite de Michael Jackson qui parut cette année dans l’album Xscape. Bien qu’elle ne fut pas le titre le plus attendu, A Place With No Name nous a envoûtés, faisant d’elle à nos yeux l’une des plus belles perles de cet album posthume. Je parle bien sûr là de la version originale, les espèces de sonorités à la Leave Me Alone ajoutées à la remix m’ont déçu comme je l’avais déjà précisé lors de ma première écoute.
La chanson n’est, à la base, pas un titre de MJ, mais plutôt une reprise du tube du groupe America : A Horse With No Name. Un tube qui avait d’ailleurs bien réussi à sa sortie en 1972.
A part cela, les informations concernant la session d’enregistrement de la chanson par le King of Pop sont assez succinctes. Dr. Freeze aurait présenté à ce dernier l’idée en guise de piste pour l’album Invincible. La première approche qu’auront les fans de la chanson n’aura lieu qu’en juillet 2009, à travers l’extrait de 24 secondes du refrain rendu publique par TMZ. Un extrait qui a inspiré pas mal de fans de MJ, qui, en le répétant en boucle ou en le remixant à la chanson originale, tentaient de faire leurs propres versions, audibles et plus longues. Eh oui… On s’est contenté de cela jusqu’à la récente sortie de Xscape qui nous a révélé la version qu’on connaît, la chanson dense et drossante, l’oculus à travers lequel on admire ce monde merveilleux décrit dans ses paroles. Que ce soit au niveau instrumental ou thème général des paroles, l’affinité entre “A Place With No Name” et “A Horse With No Name” se voit plus que pertinente. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai décidé de parler de la première des deux, rendant ainsi hommage au groupe America, ce groupe qui n’a pas hésité à offrir les droits à MJ pour son remake, et qui de plus furent très affectés par la démarche du Roi de la Pop à leur égard. En effet Dewey Bunnell, un des membres du trio America et auteur de la chanson a déclaré dans une interview accordé à MTV être très fier du fait que [Jackson] l’ait enregistrée. "C’est une bonne version et une dérivation intéressante de celle que j’ai écrite."
Allons voir ce que Dewey Bunnel a écrit justement. Ne connaissant pas très bien cet artiste, je pourrais bien évidemment me tromper dans mon interprétation. Chaque oeuvre est liée à son auteur, il faut apprendre à connaître celui-ci pour mieux la comprendre. Ce qui va suivre n’est donc qu’une prompte paraphrase des paroles à l’écoute, uniquement.
A Horse With No Name est une histoire racontée à la première personne, l’histoire d’un voyage, un long voyage vers un monde prodigieux, un monde où une nature vierge dévoile sa beauté s’ornementant de plantes et de roches, chante sa douceur dans les mélodies des oiseaux, montre le modèle de vie dont on devrait être, sans l’être pour l’instant, le plus proche. I was looking at all the life Je regardais toute la vie. Au fil des rimes, le paysage change, une atmosphère rude et sèche vient voiler le précédent tableau, comme nous le laisseraient penser les bruits qui courent encore dans l’air. The heat was hot and the ground was dry, But the air was full of sound Il faisait chaud et le sol était asséché,Mais l'air était plein de bruit. Et c’est, bizarrement d’ailleurs, avec grande joie que notre protagoniste traverse ce désert, montant son cheval sans nom, quittant la pluie à seaux, oubliant même son nom, grâce à l’absence de tout homme n’offrant rien de bon. I've been through the desert on a horse with no name, It felt good to be out of the rain, In the desert you can’t remember your name, 'Cause there ain't no one for to give you no pain J'ai traversé le désert sur un cheval sans nom, Ca faisait du bien de sortir de la pluie, Dans le désert tu peux pas te souvenir de ton nom, Parce qu'il n'y a personne pour te faire souffrir
Déjà deux jours dans le désert, la chaleur commençait à faire effet sur son corps, sa peau pigmentée de rouge, le temps se faisait de plus en plus dur. Le troisième jour au loin il aperçut une rivière, elle était sèche. Demeurant ébahi devant son lit le protagoniste se rappelait de son histoire. On racontait qu’il fut un temps où elle coulait à grands flots. Mais qu’en était-il à cet instant-là ? Pas un signe de vie, cela le rendait triste. D’humeur basanée, il reprit son périple sur le dos de sans cheval toujours sans nom. D’ailleurs même le fait de l’appeler cheval sans nom est en fin de compte une nomination donnée au cheval non ? *Je sors*
Le neuvième jour il quitta le désert atteignant une mer. Il revit les plantes, les oiseaux et les roches. “Dans la mer ? Comment ça se fait ?" me diriez-vous. The ocean is a desert with it's life underground, And a perfect disguise above L'océan est un désert avec de la vie en-dessous, Et un déguisement parfait au dessus Et c’est là l’essence même de la chanson, tout ce qui parait ce qui est d’apparence rude, voire chaotique, peut cacher en ses entrailles un bien beau trésor. Un trésor que seul un brave et valeureux, armé de ses rêves, de ses ambitions, de son cheval sans nom, peut approcher. Under the cities lies a heart made of ground But the humans will give no love Sous les villes repose un coeur fait de sol, Mais les humains ne l'aimeront pas. Une très belle chanson, fort émouvante par ses paroles naïves sans pour autant être niaises. Ce n’est pas pour rien que notre petit Michael l’a choisie pour en faire une reprise, une reprise d’ailleurs plus riche en texte, mais toujours dans le même contexte, du nom de "A Place With No Name”.
Là encore c’est une histoire à la première personne, d’un protagoniste que j'appellerai cette fois-ci Michael, qui au volant de sa Jeep, dévalait l’autoroute, à toute vitesse. A un moment, sa voiture commença à se secouer. Craignant le pire, il s’arrêta, devant lui une petite demeure qu’il longea avant de se placer à ses pieds. Il descendit de sa voiture, en vue de la réparer, jeta un discret coup d’oeil à cette route qu’il venait de quitter. Personne ! “Étrange, vraiment étrange”, se disait-il. Une drôle de sensation commença maintenant à l’envahir, une sorte de fascination médusante qui le cloua sur place, emportant au loin son esprit confus. I felt a strange feeling like a mist J’ai eu une étrange sensation, comme un brouillard
Il continua de marcher le long de la route espérant chasser ses pensées, dans la pénombre brumeuse une femme surgit. She said don't you worry my friend I'll take care Take my hand, I'll take you there Elle dit ne t’inquiète pas mon ami, je m’en occupe, Prends ma main, je vais t'emmener là-bas. Main dans la main, Michael et sa nouvelle amie marchèrent à travers la brume qui peu à peu se dissipait. Peu à peu aussi, les yeux de Michael brillaient, ses pupilles se dilataient, une ville sublime prenait forme devant lui. Partout, des gens souriaient, des enfants jouaient, Michael les yeux écarquillés devant ce paysage qu’il chérissait, maintenant il ne voulait plus le quitter. She said this is the place where no people have pain And in love and happiness Elle dit : C’est l’endroit où personne n’a de peine, [Un monde] d’amour, de joie. She turned around looked down at my eyes and started cryin' Elle se tourna vers moi, me regarda dans les yeux et commença à pleurer.
Elle pleura dans ses bras, car elle non plus ne voulait plus qu’il parte. Toujours enlacé, le couple admirait le beau ciel bleu et les oiseaux qui l’animaient, les imposants arbres et les fleurs qui les entouraient. Michael pensa à sa famille, s'arrachant de cet état de sérénité qui l’avait jusqu’à présent submergé. Il s’adressa à eux, à travers leurs photos qu’il prit de son porte-feuille : This is the place that you choose to be with me, When you thought you could be in another world C’est l’endroit que vous avez choisi pour qu’on y soit ensemble, quand vous avez pensé qu’on pouvait aller dans un autre monde.
Très belle chanson, une innocence infantile y est palpable. C’est un morceau bourré de double sens, c’est aussi bien un titre valorisant l’optimisme qu’une chanson d’amour. L'interpréter d’une unique manière serait de ma part une grossière erreur, une insulte envers le potentiel du titre. On y voit le concept de la beauté derrière ce qu’on voit comme abrupt à la manière de “A Horse With No Name”, le désert et sa rudesse remplacés ici par le brouillard et sa hardiesse. La réalité se fait dure, il suffit néanmoins de suivre le Cheval sans nom, pour atteindre cette Place sans nom, synonyme de joie, de sérénité. Cette chanson à traits cinématographiques recèle parfois des vers quelque peu autobiographiques. Je pense notemment à celui là : She showed me places I've never seen things I've never done This place really looks like a lotta fun Elle me montra des endroits que j’avais jamais vus, des choses que j'avais jamais faites, Cet endroit offre beaucoup de plaisirs. En lisant et relisant ce passage j’ai pas pu m’empêcher de penser à MJ, à sa relation avec Neverland. Cet endroit qu’il a lui même bâti, pour revivre justement cette enfance dont il a été privé. À Neverland, il revivait son enfance, visites au zoo, tours de manèges, batailles aux pistolets à eau, des choses qu’il n’avait auparavant jamais faites. Heureux dans sa nouvelle demeure, sa Place sans nom, il n’a jamais demandé rien à personne. Dommage que la presse infâme, que des opportunistes innommables ne comprenant pas que s’était SA Place sans nom, vinrent un jour le séparer d’elle, transformant sa vie en un véritable cauchemar.
Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/A_Place_with_No_Name
http://mjfrance.com/actu/post/2013/12/05/La-chanson-in%C3%A9dite-A-Place-With-No-Name-appara%C3%AEt-sur-internet.../3943
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